Charlotte Hamburger

Déportée sans sa famille le 11 août 1942, Charlotte Hamburger parvient à destination le 13 août. Sa trace se perd à son arrivée. Elle n’a pas survécu.

​Charlotte Hamburger naît le 22 janvier 1907 à Amsterdam. La même année, ses parents immigrent en Belgique et s’installent à Anvers.

Après des études professionnelles ainsi que des études d’assistante sociale, elle exerce la profession de représentante en diamants.
En 1933, elle introduit une demande de naturalisation ordinaire pour laquelle elle s’engage à payer les droits d’enregistrement, s’élevant à 5 000 Francs belges. L’obtention de la nationalité belge lui permettrait de trouver un emploi au sein d’une institution belge.
L’avis du procureur du Roi est favorable. Il souligne que la jeune femme parle bien le Français et le Néerlandais, qu’elle semble totalement assimilé. Seul frein : la loi néerlandaise n’autorise pas la double nationalité.

 

 

 

© AGR-Police des Étrangers

En 1936, elle épouse de Louis De Houwer, un Belge non juif. De ce fait, elle acquiert la grande naturalisation belge en 1937. Il travaille aussi dans le secteur diamantaire.

Document: © AGR-Police des Étrangers/ARA-Vreemdelingenpolitie, Bruxelles-Brussel / Photo: © http://www.schattenvandeurne.be/dehouwerhamburger

Le couple s’installe Boterlaer Baan, 134, à Deurne. En 1938 naît la petite Albertine, surnommée Tiny. Charlotte, enceinte de 7 mois, est arrêtée la première et enfermée à la prison de la Begijnenstraat, à Anvers. Elle y aurait accouché d’un petit garçon. C’est dans sa cellule qu’elle confectionne une poupée avec des matériaux de fortune.

Ce jouet est parvenu à sa fille Tiny, qui l’a donnéen 2007 au Musée de la Déportation et de la Résistance, aujourd’hui devenu Kazerne Dossin. Cette pièce est l’une des plus précieuses de nos collections. Le fonds Albertine de Houwer contient aussi des messages écrits par Charlotte, de la Begijnenstraat ou du camp de rassemblement de Malines.

© KD – Fonds Hamburger

Transférée à Malines le 1er août 1942 et immédiatement enregistrée sur la liste de déportation sous le numéro 394, elle figure parmi les rares inscrits du transport II à ne pas s’être présentés sur convocation à la Caserne Dossin.

© DGVG- Bruxelles/DGOS- Brussel

Consciente de sa situation désespérée, le 8 août, elle envoie un dernier appel à l’aide à sa belle-famille.

« Chère maman, grand-mère, papa et tout le monde.
Veuillez m’envoyer par retour du courrier et en express, mon livret de mariage ou mon extrait de mariage, à la maison communale et mon acte de naissance, afin que je puisse rentrer à la maison.
Rapidement s’il te plaît . . .
Apportez-le en train et remettez-le. Mon certificat de mariage est très certainement chez Maman. Bisous pour l’enfant.
Le certificat de naissance se trouve également à la maison communale. »

Déportée sans sa famille le 11 août 1942, elle parvient à destination le 13 août. Sa trace se perd à son arrivée. Elle n’a pas survécu. Il en va de même pour ses parents et son oncle, tous déportés par le Transport 20.

© www.bel-memorial.org/photos_antwerpen/breendonk/DE_HOUWER_Louis

Le 19 Septembre 1942, Louis de Houwer, militant communiste, est aussi appréhendé. Son père, Pierre de Houwer, est emmené avec lui à la prison de la Begijnenstraat. Faute de preuves, ce dernier est libéré après une semaine.

Le 27 novembre 1942, en représailles du meurtre du maire du Grand Charleroi, Jean Teughels, abattu par des inconnus le soir du 19 novembre 1942, le commandant militaire fait exécuter dess communistes complices, supposés ou avérés, des auteurs de l’attentat.
C’est ainsi que Louis De Houwer est fusillé comme otage à Breendonk le 27 novembre.

Ses parents découvrent dans le journal du 28 novembre 1942 que leur fils a été exécuté à Breendonk. Ils prennent Tiny sous leur aile. Elle vivra désormais avec eux à la Van Steenlandstraat.

En septembre 1944, la grand-mère de Tiny meurt au cours d’un bombardement sur Anvers. Il ne lui reste désormais que son grand’père, accablé de douleur.
Tiny a échappé à la déportation mais on ignore ce qu’il est advenu du petit garçon.