Jaak Brandon
Jaak

Jaak Brandon naît à Anvers le 4 mars 1921. Ses parents – Jacob Brandon et Branca Boeken – sont des Juifs néerlandais ayant quitté Amsterdam pour s’installer à Anvers en 1913 avec ses frères aînés, Abraham et Salomon. Le père, Jacob Brandon, travaille comme tailleur de diamants dans la ville portuaire. Lorsque Jaak quitte l’école, il devient apprenti diamantaire. Il reçoit une balance à diamants compacte qui lui permet de peser avec précision le nombre de carats d’une pierre. D’une écriture enfantine, l’adolescent inscrit son nom au dos de la boîte en bois.

Lorsque l’Allemagne nazie envahit la Belgique le 10 mai 1940, Jaak vit avec ses parents et son frère Salomon sur la Diksmuidelaan à Berchem. Son père, Jacob, et sa mère, Branca, décident de fuir la violence de la guerre. Ils se rendent à Bordeaux, en France, d’où ils parviennent à rejoindre la Grande-Bretagne, où ils survivront à la guerre. Leurs fils Salomon et Jaak restent dans la maison parentale de la Diksmuidelaan. Les jeunes hommes suivent les ordonnances anti-juives. Ils s’inscrivent au registre communal des Juifs à la fin de l’année 1940, deviennent membres de l’Association des Juifs au printemps 1942 et portent l’étoile jaune de David à partir de juin 1942.

Quelques semaines plus tard, les frères Brandon sont réquisitionnés comme travailleurs forcés. Au cours de l’été 1942, la société de construction allemande Organisation Todt recherche des ouvriers pour construire le mur de l’Atlantique, une ligne de défense longeant la côte européenne et destinée à protéger le Reich d’une invasion américano-britannique. Depuis la Belgique, plus de 2 250 hommes juifs sont déportés comme travailleurs forcés dans le nord de la France pour construire des bunkers, des ponts et des routes. Le 14 juillet 1942, Jaak et son frère Salomon Brandon sont embarqués à la gare Centrale d’Anvers pour le camp de travail de l’Organisation Todt à Calais. Ils y sont contraints d’effectuer des travaux forcés dans des conditions inhumaines.

Jaak Brandon
weegschaal

Le 31 octobre 1942, les transports de déportation XVI et XVII emmènent ces travailleurs forcés hors du nord de la France. Les listes de transport relèvent de l’administration du SS-Sammellager Mecheln, la caserne Dossin. Quelques secrétaires du camp de rassemblement sont envoyées sous escorte dans le nord de la France pour ajouter les noms des hommes aux listes. Jaak et Salomon sont enregistrés sur le transport XVII comme personnes 110 et 198. Lorsque ce train en provenance du nord de la France s’arrête à Malines, les secrétaires juives sont autorisées à descendre et à retourner à la caserne Dossin. Les hommes, dont Jaak et son frère, restent à bord et continuent le trajet. À l’arrivée à Auschwitz-Birkenau, le 3 novembre 1942, toute trace de Jaak et de Salomon Brandon disparaît. Aucun des deux ne survit à la déportation.

En septembre 1944, Calixte Vandevelde, un employé de la Régie des télégraphes et des téléphones (RTT) chargé de rétablir les lignes de communication, découvre la balance à diamants de Jaak Brandon dans la caserne Dossin vide. Jaak n’a jamais quitté le train et n’est jamais entré dans le camp de rassemblement. L’a-t-il emporté dans le camp de travail du nord de la France et en a-t-il confié la garde à l’une des secrétaires juives jusqu’à son retour ? Quelqu’un d’autre l’a-t-il apportée à la caserne Dossin dans l’espoir de la rendre à Jaak dans le train ? Le voyage de cette petite balance restera sans doute à jamais un mystère.