Leon Brener

Leon Brener
Leon Brener

 

Leib Brener, également appelé Leon, naît le 28 octobre 1892 dans le village polonais de Kolo. Il devient cordonnier et émigre en Belgique en juillet 1920. Après avoir passé quelques semaines à Anvers, Leon s’installe en octobre dans la rue du Transvaal à Anderlecht. En novembre 1920, sa fiancée, Laja Cymerman, le rejoint. Ils célèbrent leur mariage religieux et leur première fille Rachel naît dans la capitale belge le 18 septembre 1921. Le 28 février 1923, Leon et Laja célèbrent leur mariage civil à l’hôtel de ville d’Anderlecht. Avec la naissance de la petite Dora le 18 juin 1924, la famille est au complet.

Les Brener sont en difficulté. Le père, Leon, a du mal à trouver du travail et à subvenir aux besoins de sa famille, et la mère, Laja, souffre d’une maladie des yeux pour laquelle elle reçoit un traitement de longue durée. Elle n’est donc pas en mesure de travailler ou de gagner un peu d’argent, comme le font de nombreuses autres mères au foyer, par exemple en raccommodant des vêtements. La famille Brener déménage régulièrement, tout en restant dans l’agglomération bruxelloise.

On ne sait pas exactement comment la famille Brener se retrouve dans le nord de la France. Peut-être ont-ils quitté la Belgique dès la fin des années 1930, mais il est probable qu’ils se soient enfuis en mai 1940 et qu’ils ne soient pas retournés à Bruxelles après la capitulation. On sait peu de choses sur la vie des Brener dans le nord de la France : le père Leon et sa fille Rachel travaillent sans doute dans l’agriculture, tandis que Dora s’occupe du ménage, sa mère Laja étant devenue presque complètement aveugle.

Le 11 septembre 1942, au lendemain du Nouvel An juif, une rafle frappe le nord de la France. 514 Juifs de Lille, Lens et Douai sont arrêtés par des Feldgendarmen et des policiers français et emmenés par train à la caserne Dossin. Parmi ce groupe : le père Leon et ses filles, Rachel et Dora, arrêtés à Lens. Leurs noms apparaissent sous les numéros 168, 169 et 170 sur la liste de déportation du transport X. On ne sait pas comment la mère Laja parvient à échapper à l’arrestation. Le transport X quitte Malines le 15 septembre 1942 et arrive à Auschwitz-Birkenau le 17 septembre 1942. Toute trace de Rachel et de Dora Brener disparaît immédiatement. Leon est sélectionné comme travailleur forcé. Le numéro 64105 est tatoué sur son bras. Lui non plus ne survit pas à la guerre.

Laja, l’épouse de Leon, retourne à Bruxelles en septembre 1944. En février 1945, elle s’adresse aux autorités belges : elle a besoin d’un passeport, car elle veut se rendre en France pour retrouver son mari Leon et leurs filles Rachel et Dora. Laja poursuit ses recherches pendant des années, suppliant le gouvernement belge de lui ramener son mari et ses enfants jusqu’en 1953. Laja décède en 1971.

 

En 2023, Jo Peeters, conservateur de la Maison de la Résistance franco-belge, confie la garde de la collection Calixte Vandevelde à Kazerne Dossin. Cette collection comprend une trentaine d’objets, trouvés à la caserne Dossin en septembre 1944 par Calixte, le grand-père de Jo, qui devait y réparer des canalisations en tant qu’employé de la Régie des télégraphes et des téléphones (RTT). Dans un coin reculé d’un local de stockage situé à côté de la sortie arrière de la caserne, Calixte trouve, dans une boîte de stockage, une montre à gousset cassée ainsi qu’un morceau de tissu sur lequel figure un texte illisible. Son petit-fils, Jo Peeters, parvient plus tard à déchiffrer certains mots en yiddish grâce à des techniques de numérisation avancées : « En mémoire de Brener et de ses enfants ». Il est aujourd’hui impossible de savoir qui a laissé ce message.