C’est avec une grande tristesse que nous apprenons le décès d’Antoine Lagrené, survenu le 20 février 2020.
Antoine Lagrené était un jeune Manouche,né en Allemagne à Francfort dans une famille de musiciens itinérants. Tous avaient fui l’Allemagne nazie pour se rendre dans le Nord de la France où ils ont continué à voyager jusqu’en 1942. Cette année-là, sa famille s’est sédentarisée à Pont-de-la Deûle, un pauvre hameau, par la force des événements. C’est là que dans la nuit du 23 au 24 novembre 1943, la police allemande a fait irruption dans les baraquement occupés et ont arrêté les Lagrené, ainsi que d’autres familles tsiganes. Ils ont passé quelques temps à la prison de Lille-Loos avant d’être transférés au camp de rassemblement malinois. Agé de 13 ans, Antoine a embarqué dans les wagons à bestiaux du transport Z, avec 351 autres Tsiganes. Parti de la caserne Dossin le 15 janvier 1944, le convoi est arrivé à Birkenau le 17.
Tous ces déportés ont été envoyés dans le Camp des Familles tsiganes de Birkenau, sans subir de sélection. Tous ont été immatriculés. Antoine portait le numéro Z 9130 tatoué sur son bras d’enfant, gravé à jamais dans sa chair. Il est resté à Birkenau jusqu’à transfert à Buchenwald, en août 1944, peu de temps avant la liquidation du Camp des Familles tsiganes. A Buchenwald, des déportés politiques français l’ont pris sous leur aile, dans leur baraquement. C’est avec eux qu’il a appris à lire. Antoine Lagrené était l’un des 32 survivants du Transport Z (Tsiganes) parti de la Caserne Dossin. Il est l’un des rares qui avaient accepté de témoigner.
Nous honorons aujourd’hui sa mémoire.
Qu’il trouve enfin la paix qui lui a tant manqué de son vivant.