Les frères Bibrowski

L’histoire des frères Bibrowski. Natan et David ont été deportés. Henri pourrait survivre.

Les frères Bibrowski
(Source: KD - Fonds Bribrowski)

Leur grand-père maternel, Izaak Horchstein, est le rabbin de la synagogue de la rue de la Clinique, à Anderlecht, une commune de Bruxelles. Leur père, Mojsze Bibrowski est importateur d’objets culturels et de produits casher, c’est-à-dire respectant le prescrit religieux, tels des matsoth (le pain azyme). À la synagogue, il occupe la fonction de Gabbaï, c’est-à-dire qu’il en la responsabilité.

Dans la religion israélite, la Bar-Mistvah fait du garçon à l’âge de 13 ans, un “fils du commandement”. Considéré comme un adulte responsable du point de vue religieux, il peut se joindre aux adultes pour la prière commune. Sur la photo: David Bibrowski porte autour de ses épaules le châle dont il se couvrira la tête pendant la prière. Ce châle de prière rectangulaire à franges est appelé le Tallit.

FOTO: Natan, David & Henri
(Bron: KD – Fonds Bibrowski)

Adolescents, Szyje-Herz, David et Natan Bibrowski rompent avec leur éducation religieuse.
Ils se rallient au marxisme athée et adhèrent au trotskisme.

Szyje-Herz, milite à la fois au sein du Parti ouvrier belge ainsi qu’au Poalei-Zion, parti politique marxiste, et de l’Avoda, parti sioniste-travailliste. Il est l’un des fondateurs du Dror, un mouvement de jeunesse révolutionnaire sioniste-socialiste.
Sous l’occupation, membre de la résistance sioniste, il intègre les rangs du Comité de Défense des Juifs. Il participe à un réseau de passeurs visant à évacuer clandestinement via la Suisse des jeunes militants sionistes vers la Palestine. Il a échappé à la déportation. Il est co-fondateur de l’école Ganenou.

David milite dans les rangs de la Jeune Garde Socialiste, à Bruxelles. Cette section bruxelloise qui comprenait plusieurs jeunes Juifs fera scission et rejoindra le Parti Socialiste Révolutionnaire.
Sous l’occupation, au moment des déportations juives, le parti trotskiste, devenu entre temps le Parti Communiste Révolutionnaire, sera trop isolé pour faire passer sa composante juive dans la clandestinité.

Natan et David Bibrowski peu avant leur déportation.
(Source: KD – Fonds Bibrowski)

Convoqué avec son frère Natan à la caserne Dossin prétendument pour une “mise au travail”, David Bibrowski finit par se conformer à l’ordre allemand.
Il rejoint son frère Natan qui s’est présenté à la caserne Dossin après y avoir été convoqué.
Natan y est inscrit sous le n° 100, sur la liste de déportation du Transport 1.
David, arrivé plus tard, est enregistré au n° 916.

Les listes de transport Natan et David. (Source: DGVG)

Le 4 août 1942, les deux frères embarquent dans le même train, mais ne font pas le voyage dans le même wagon.
Leurs noms sur les listes de déportation sont la dernière trace qu’on retrouve d’eux.
Arrivés à Auschwitz, on ignore ce qu’il advient d’eux après la sélection. Agés respectivement de 16 et de 23 ans, ils entrent dans la classe d’âge susceptible d’être mise au travail dans le camp de concentration d’Auschwitz et ses dépendances.
Nombre de documents ayant été détruits par les nazis lors de l’évacuation d’Auschwitz-Birkenau, on ne trouve pour eux ni acte de décès ni fiche de matricule. On ignore s’ils ont été gardés comme esclaves au camp ou s’ils ont été assassinés dès la descente du train dans les chambres à gaz de Birkenau.

Après la guerre, Szyje-Hersz fonde une famille. Il a deux enfants, Ariane et Yves.
C’est en collaboration avec eux que cette notice a été rédigée.

(Source: Yves Bibrowski)