La famille Chapochnik-Zimmerman

La famille Chapochnik-Zimmerman immigre de Roumanie entre 1920 et 1922. Inscrits au registre des Juifs à la fin de 1940, la plupart d’entre eux vivent dans le quartier populaire de Bruxelles qui est aussi le quartier juif.

La famille Chapochnik-Zimmerman au Parc Marie-José, à Bruxelles, en 1929 - De gauche à droite, debout: Feiga Sapochnik, Basia Chapochnik, Itzic-Jancou Zimmerman et Jeanne Chapochnik. - Assis: Jean et David Chapochnik et Mathilde Zimmerman
Des sept personnes sur cette photo de la fin des années 20, trois sont encore en vie après la guerre, dont deux rescapées de la déportation.
La famille Chapochnik-Zimmerman immigre de Roumanie entre 1920 et 1922. Inscrits au registre des Juifs à la fin de 1940, la plupart d’entre eux vivent dans le quartier populaire de Bruxelles qui est aussi le quartier juif: Feiga Saposnik et ses parents, Jean Chapochnik et Mathilde Zimmerman résident rue des Tanneurs tandis que sa tante, Basia Saposnik et son époux, Itzic Iancou Zimmerman, habitent tout près, rue du Lavoir. Seule Jeanne Chapochnik, sa sœur, s’est établie à Anvers avec son époux, Sylvain-David Goldstein. Devant les menaces qui pèsent surla population juive, la famille choisit l’illégalité à l’été 1942. Jeanne Chapochnik, en fuite, est arrêtée dans le Nord de la France le 24 juillet 1942. Elle s’est soustraite aux obligations du statut des Juifs, a quitté sa résidence officielle mentionnée au registre des Juifs, et porte pas l’étoile jaune obligatoire. Elle n’est cependant condamnée que pour infraction à la législation allemande sur les devises. Elle purge sa peine de quatre mois, d’abord dans le Nord de la France, à la prison de Valenciennes et à celle de Lille, ensuite en Belgique, à Saint-Gilles et enfin Forest. Le défaut de concertation entre les services allemands lui permet de sortir libre au terme de sa peine. Par contre, David Chapochnik, également en fuite, est arrêté à la ligne de démarcation de la zone non occupée en France. Interné à la prison de Besançon, il est livré au camp de rassemblement de Drancy dont il est déporté le 4 novembre 1942 avec le 40e transport de France. Une déportation sans retour…
Les autres membres de la famille, restés en Belgique, échappent à la traque jusqu’en mai 1944. Ils sont arrêtés en possession de leurs faux papiers d’identité. Livrés à la caserne Dossin le 17 mai, cinq d’entre eux n’y passent que deux jours avant d’être déportés par le transport 25. A l’arrivée du transport sur la rampe de Birkenau, le père, Jean Chapochnik, 53 ans, et la mère, Mathilde Zimmerman, 51 ans, disparaissent sans laisser de trace. Itzic Iancou Zimmerman, 40 ans, Feiga Saposnik, 30 ans et Jeanne Chapochnik, 28 ans, sont tous les trois sélectionnés pour le travail dans le camp de concentration. Itzic-Jancou Zimmerman, matricule 2.840, résiste jusqu’à la fin de la marche de la mort de janvier 1945 qui l’a acheminé jusqu’à Buchenwald. Là, à bout de force, terriblement affaibli, il meurt le 23 février.
Feiga ne suivra pas le même itinéraire que sa sœur Jeanne. Identifiée à Auschwitz par le matricule A 5.190, elle y est mise au travail jusqu’en novembre 1944, où elle est transférée à Flossenburg, dans le Kommando Willischtal. En avril 1945, Feiga fait la marche de la mort jusqu’à Theresienstadt, où elle survit jusqu’à la libération de ce ghetto en mai 1945 par l’Armée Rouge. Elle rentre en Belgique le 11 juin. Sa sœur, Jeanne Chapochnik, rentre le 24 mai. Immatriculée par le numéro A 5.169, Jeanne est mise au travail à Birkenau. La marche de la mort de janvier 1945 l’amène à Bergen-Belsen, où elle résiste jusqu’à la libération de ce camp, le 15 avril 1945, par les troupes britanniques. A son retour, elle apprend qu’elle est veuve. Son époux, Sylvain-David Goldstein, déporté avec elle, ne reviendra pas de déportation. Elle retrouve néanmoins ses sœurs, Feiga et aussi Basia Saposnik, arrêtée avec toute la famille, n’a pas été déportée.
Informations sur la publication

ADRIAENS Ward, STEINBERG Maxime (e.a.), Mecheln-Auschwitz, 1942-1944. La destruction des Juifs et des Tsiganes de Belgique, 4 volumes, Bruxelles, 2009

Dr. Maxime Steinberg & Dr. Laurence Schram