Sarah Yampolsky & Irène Spicker

Un portrait réalisé en 1942 par une jeune artiste, Irène Spicker, immortalise le regard de Sarah Yampolsky. “… il reste aujourd’hui parmi mes possessions le portrait d’une jeune femme aux yeux gris rêveurs. Il s’agit de Sarah Yampolsky qui avait l’air pensive et triste, comme si elle savait déjà le destin qui attendait son frère Simon et elle-même.”

Portret en foto van Sarah Yampolsky. Bron: KD – Fonds Spicker-Awret Bron: AGR-Police des Étrangers-Bruxelles/ARA-Vreemdelingenpolitie –Brussel

Sarah Yampolsky, née à Tel-Aviv a 9 ans lorsqu’elle arrive en Belgique en février 1929, avec son père, Léon, sa mère, Polia Cesarsky et son frère cadet, Simon Elie, 3 ans.

Léon Yampolsky est exportateur de tissus et ingénieur au service de l’URSS. À ce titre, il est chargé d’inspecter les fournitures pour des appareils de fabrication du tissu et fait de fréquents aller-retour entre son domicile, Verviers et Paris.

Léon Yampolsky se rend également en Palestine pour affaires. Il y achète une maison ainsi que 10 000 m² de terrain. Il fait également des affaires avec l’Allemagne et l’Égypte. La famille est aisée.

Carte d’identité de Léon Yampolsky © AGR-Police des Étrangers-Bruxelles

La mère, Polia Cesarsky, née en 1895 à Odessa, décède en 1931, à Molenbeek.

© AGR-Police des Étrangers-Bruxelles /ARA-Vreemdelingenpolitie -Brussel

Les Yampolsky déménagent fréquemment : en 1929, à Ixelles, rue Wayenberg, 51 ; en 1930, à Molenbeek, boulevard Léopold II, 117 ; en 1931, à Bruxelles ; boulevard d’Ypres, 28 ; en 1934, à Saint-Josse, rue de Liedekerke, 77 puis à Bruxelles, boulevard Bischoffsheim, 17 ; en 1935, à Saint-Josse, rue de la Limite, 46 puis, rue Saint-Lazare, 7 ; en 1938, à Saint-Josse, avenue de la Couronne, 328 ; en 1940, à Ixelles, rue Antoine Depage, 39 puis Boulevard Général Jacques, 9.

Obéissant à l’ordonnance du 28 octobre 1940, concernant l’inscription obligatoire au Registre des Juifs, Léon et ses enfants s’y font enregistrer le 28 décembre 1940.

Formulaire du Registre des Juifs de Sarah. © MJB-Bruxelles/JMB –Brussel

Un portrait réalisé en 1942 par une jeune artiste, Irène Spicker, immortalise le regard de Sarah Yampolsky.

Portret et photo de Sarah Yampolsky.
© KD – Fonds Spicker-Awret
© AGR-Police des Étrangers-Bruxelles/ARA-Vreemdelingenpolitie –Brussel

 

Irène Spicker en dit ceci :

« Comme je demandais aussi à mes amis, et aux amis de mes amis, de poser pour moi, il reste aujourd’hui parmi mes possessions le portrait d’une jeune femme aux yeux gris rêveurs. Il s’agit de Sarah Yampolsky qui avait l’air pensive et triste, comme si elle savait déjà le destin qui attendait son frère Simon et elle-même.
Sara portait l’étoile jaune alors qu’elle posait, mais on ne la voit pas sur son portrait ».

En 1995, Irène Spicker, internée au camp de rassemblement de Malines du 12 mars 1943 au 4 septembre 1944 et employée là dans la « salle des peintres », a offert cette toile au Musée juif de la Déportation, devenu aujourd’hui Kazerne Dossin.

Toujours domiciliée Boulevard Général Jacques, 9, la famille est convoquée à la caserne Dossin. Munis de leurs convocations pour le travail portant respectivement les numéros 2268, 2269 et 2267, Sarah, Léon et Simon Elie se présentent au camp de rassemblement le 3 août 1942. Le premier transport n’a pas encore quitté le camp qu’ils sont déjà enregistrés sur la liste du 2e transport, sous les numéros 363, 364 et 365.

La page de la liste de déportation où sont inscrits Sarah, Léon et Simon Elie Yampolsky ©DGVG- Bruxelles/DGOS- Brussel

Les derniers signes de vie qu’ils laissent sont leurs noms sur la liste de déportation.
Sarah, Léon et Simon Elie Yampolsky arrivent à Auschwitz-Birkenau le 13 août 1942, date à laquelle on perd leur trace. On ignore s’ils ont été gazés à l’arrivée ou s’ils ont été mis au travail dans le complexe d’Auschwitz. Mais on sait qu’ils n’ont pas survécu.