Les familles Gelernter-Rubinstein et Czesner-Kroze

Les Juifs religieux orthodoxes sont avec leur barbe et leurs papillotes, signes visibles de leurs croyances, une cible de choix pour les SS du Sammellager.

Caserne Dossin à Malines: scène d’humiliation de rabbins et de Juifs religieux, peu avant leur départ par le 8e transport
Les Juifs religieux orthodoxes sont avec leur barbe et leurs papillotes, signes visibles de leurs croyances, une cible de choix pour les SS du Sammellager. Ils montent, avec ces Juifs orientaux pour acteurs forcés, un spectacle grotesque dans la cour de la caserne. Ils rasent la moitié de la barbe de quelques vieillards d’Anvers et de Bruxelles, les obligent à retourner leurs vêtements. On corse la scène en maculant de boue les chapeaux qu’ils portent par tradition. On amène aussi des livres saints, des reliques sacrées. Les SS y boutent le feu. Autour du bûcher, les vieillards ridiculisés entament alors une danse infernale. Pour peaufiner la scène, les SS les obligent à entreprendre une ronde sans fin autour de la cour, en portant une table où trône un rabbin de Bruxelles, Josef Gelernter.
Rabbin de la petite synagogue orthodoxe de la rue de la Buanderie, à Bruxelles, Gelernter, 49 ans, a été arrêté, le 2 septembre, avec son épouse, Rachel Rubinstein, 51 ans, et sa fille, Sara, 11 ans. Déportés par le transport 8, aucun d’eux n’a survécu.

Une autre victime de ce jeu d’humiliation antisémite, Nuta Czesner (le 6e à partir de la gauche) est un juif orthodoxe d’Anvers, horloger-ouvrier en orfèvrerie de 63 ans. Avec son épouse, Tyla Kroze, 55 ans, et son fils de 14 ans, Jackie, Nuta Czesner a été arrêté dans la deuxième grande rafle d’Anvers parmi les quelques Juifs pris à Deurne. Déportés par le même transport que les Gelernter-Rubinstein, les Czesner-Kroze, eux non plus, ne survivent pas à la déportation.

Informations sur la publication

ADRIAENS Ward, STEINBERG Maxime (e.a.), Mecheln-Auschwitz, 1942-1944. La destruction des Juifs et des Tsiganes de Belgique, 4 volumes, Bruxelles, 2009

Dr. Maxime Steinberg & Dr. Laurence Schram